Trois solutions pour enrayer (enfin) la délinquance juvénile
Provenance de l’article : FigaroVox
Légende photo : «L’hyperviolence d’une partie de la jeunesse de notre pays est un phénomène réel et préoccupant à long terme». PHILIPPE DESMAZES/AFP
FIGAROVOX/TRIBUNE – La délinquance des mineurs est de plus en plus violente dans la société. Pour le délégué général de l’Institut pour la Justice, il est temps d’en finir avec la culture de l’excuse et de trouver un juste équilibre entre éducation et sanction. Il propose plusieurs solutions juridiques pour lutter contre ce phénomène.
Pierre-Marie Sève est délégué général de l’Institut pour la Justice (IPJ), une association de citoyens mobilisés au côté des victimes.
C’est d’abord un constat. Des unes de journaux devenues régulières, une opinion publique légitimement révoltée, le tout confirmé par une réalité statistique implacable, l’hyperviolence d’une partie de la jeunesse de notre pays est un phénomène réel et préoccupant à long terme.
Puis sont venues les discussions sur les causes. Plusieurs sont pointées du doigt: l’absence du père, l’instantanéité des réseaux sociaux, la culture clanique, autant d’explications multiples et entremêlées qui ont chacune une part de responsabilité.
Vient désormais le temps de la recherche et de la mise en place de solutions. En effet, la jeunesse française ayant évolué, il faut faire évoluer la façon dont notre société la gère et gère notamment ses débordements.
Le traitement des mineurs par la Justice est un sujet épineux. La législation française date d’une ordonnance de 1945 qui sera bientôt remaniée au sein d’un nouveau code de la Justice pénale des mineurs. Comme pour toute justice des mineurs, elle a eu pour ambition de trouver un équilibre entre la sanction et l’éducation, équilibre lui-même précaire, la situation de la jeunesse évoluant avec le temps et la technique. Le temps a d’ailleurs démontré que cet équilibre était effectivement rompu.
Sous l’influence d’un courant de pensée des années 1980, le traitement des mineurs par la Justice et de l’ensemble des prévenus, a été de plus en plus « doux ».
Parmi les sanctions, c’est bien la prison qui a eu la pire presse: elle est considérée comme chère et défavorable à la resocialisation. Depuis des dizaines d’années déjà, et sur fond de surpopulation carcérale, les instructions remises aux parquets préconisent des mesures alternatives aux poursuites et les juges évitent à tout prix la prison.
En 2013, alors ministre de la Justice, Christiane Taubira rendait ainsi public un rapport de la conférence de consensus qui lui était particulièrement hostile et chaque année, le ministère de la Justice insiste sur des objectifs toujours plus élevés de non-recours à l’emprisonnement.
Mais cette solution d’éducation sans sanction, mise en place depuis les années 1980, n’a pas fonctionné. Elle n’a pas enrayé la délinquance, et l’a même probablement en partie créée. Devant ce bilan, des criminologues et des sociologues de référence, comme Pierre-Victor Tournier ou Maurice Cusson, plaident justement pour un retour de la sanction, et de la plus emblématique d’entre elles: la peine de prison.
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