Au Danemark, Asmaa et son mari, hier réfugiés syriens, aujourd’hui placés en centre de rétention
Provenance de l’article : Le Monde
Légende photo : Asmaa Al-Natour et son mari Omar, le 1er novembre 2021, au centre de rétention de Sjaelsmark, au nord de Copenhague, où sont placés les demandeurs d’asile déboutés qui ne peuvent pas être renvoyés dans leur pays. Ils y vivent depuis le 26 octobre. LE MONDE
Le gouvernement danois estime que la situation sécuritaire à Damas et dans sa province s’est suffisamment améliorée pour permettre le retour de celles et ceux qui ont fui la guerre. Mais sans accord de rapatriement, il ne peut les renvoyer de force.
La photo a été partagée des centaines de fois sur les réseaux sociaux. Emmitouflée dans un manteau vert, un voile blanc sur la tête, Asmaa Al-Natour, 50 ans, en pleurs dans la rue, tend la main vers celle de sa voisine, Gerda Pedersen, 92 ans, penchée à sa fenêtre. Pendant six ans, les deux femmes ont habité le même quartier de Ringsted, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Copenhague. Le 26 octobre, elles se sont dit au revoir.
Asmaa et son mari, Omar, ont dû quitter leur appartement. Le couple n’a plus le droit de rester au Danemark. Mais faute d’un accord de rapatriement avec la Syrie, Copenhague ne peut pas les forcer à rentrer. Ils ont donc été placés dans le centre de rétention de Sjaelsmark, au nord de la capitale danoise, où ils resteront tant qu’ils refusent de partir. « Pour que mes clients comprennent, je leur dis qu’ils sont victimes d’une prise d’otage », résume leur avocat Niels-Erik Hansen.
Politique ultrarestrictive
Originaires de Deraa, dans le sud-ouest de la Syrie, Asmaa et Omar sont arrivés au Danemark le 24 décembre 2014, avec leur benjamin, Wissam, aujourd’hui âgé de 21 ans. Craignant d’être enrôlé dans l’armée, l’aîné, Hani, 25 ans, était parti huit mois plus tôt. Au Danemark, les garçons ont obtenu l’asile et leurs parents se sont vu accorder une protection temporaire. Ils ont appris le danois, ouvert une petite boutique d’alimentation. Leurs fils ont commencé des études d’informatique.
Mais le 16 novembre 2020, un e-mail des services de l’immigration est venu tout anéantir. Asmaa et Omar ont été informés que leur titre de séjour ne serait pas renouvelé. En décembre 2019, la commission des recours des réfugiés, à Copenhague, a estimé que la situation à Damas et dans sa région n’était « plus suffisamment grave pour justifier l’octroi ou la prolongation de permis de séjour temporaires (…) en raison des conditions générales dans la zone ».
Dans la foulée, le ministre de l’immigration, Mattias Tesfaye – lui-même fils d’un réfugié éthiopien –, a ordonné le réexamen de 900 dossiers, parmi lesquels ceux d’Asmaa et son mari. Au pouvoir depuis 2019, le gouvernement social-démocrate mène une politique de l’immigration ultrarestrictive, visant l’accueil de « zéro réfugié ».
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Jusqu’à présent, les services de l’immigration ont suspendu les titres de séjour de 620 réfugiés syriens. Le 21 mai, devant la commission des recours, Asmaa et Omar ont fait valoir les risques qu’ils encourraient s’ils rentraient en Syrie. Omar travaillait au ministère de l’agriculture ; leurs deux fils sont considérés comme des déserteurs par l’armée syrienne. « Dès que nous arriverons, nous serons enlevés, emprisonnés ou tués », assure Asmaa, qui …
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