“Pendant plus d’un mois ils m’ont violée” : des migrants témoignent de l’enfer libyen
Provenance de l’article : France Inter
Légende photo : Dans ce foyer pour migrants de Médenine, en Tunisie, géré par le Croissant Rouge et l’OIM, tous ont été détenus en Libye © Radio France / Rémi Brancato
Viols, tortures, travail forcé : en Tunisie, la plupart des migrants hébergés par le Croissant Rouge sont passés par la Libye et témoignent de conditions de détention inhumaines. France Inter a rencontré Mariama, dont les jumeaux sont nés du viol, et Emmanuel, frappé et enfermé pendant deux ans.
Mettre “fin à l’enfermement” des migrants, piégés en Libye : c’est la demande formulée par Emmanuel Macron, ce lundi, à Paris, lors d’une rencontre avec le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR) Filippo Grandi et le directeur général de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) Manuel de Carvalho Ferreira Vitorino.
Tortures, violences, viols et bombardements de camps : le président français a dénoncé les conditions de détention des migrants en Libye, qui seraient 5 200 dans des centres, selon l’OIM, sans compter un nombre indéterminé aux mains des trafiquants et des milices.
France Inter a rencontré deux rescapés de cet enfer libyen, qui témoignent des violences et des viols.
Mongi et Will, enfants du viol
“Ce sont mes bébés, ils vont bien”. Devant la moustiquaire disposée sur son lit et qui protège les deux jumeaux de trois semaines, Mongi et Will, dans cette petite chambre du foyer pour migrants du Croissant Rouge et de l’OIM de Médenine, au Sud de la Tunisie, Mariama Kamara raconte son histoire éprouvante. Les deux enfants de cette sierra-leonaise sont nés d’un viol, commis en Libye.
“Pendant plus d’un mois mes ravisseurs m’ont violée” raconte la jeune femme de 28 ans. Le parcours qui la conduit dans les geôles libyennes est sinueux. Partie de Sierra-Leone en 2017, elle prend un bateau en Libye, en janvier 2018. Le 28 janvier, l’embarcation fait naufrage, secourue par le navire humanitaire Aquarius. “Je savais un peu nager, alors j’ai sauvé un petit garçon” raconte Mariama.
“Comme je l’avais sauvé, ils nous ont secouru en hélicoptère, j’ai accepté d’accompagner l’enfant à l’hôpital mais je ne savais pas qu’ils nous emmenaient en Tunisie” se souvient-elle. Le navire humanitaire prend le chemin de l’Italie mais Mariama Kamara, elle, se retrouve à l’hôpital de Sfax, en Tunisie, et est rapidement prise en charge à Médenine, au Sud du pays, dans un centre du Croissant Rouge et de l’OIM.
Pendant des mois, elle tente de régulariser sa situation. Mais sa demande d’asile est rejetée. “La Sierra-Leone n’est pas en guerre et ils n’acceptent pas de demandes de pays qui ne sont pas en guerre” explique-t-elle, “mais je ne peux pas y retourner”. “Ma grand-mère était responsable d’une société qui pratique les mutilations génitales au village et j’ai refusé de prendre sa suite, j’ai du fuir” raconte Mariama.
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