“Tu ne peux rien faire, c’est comme ça, c’est Marseille” : dans une cité des quartiers nord, la résignation face à la violence
Provenance de l’article : France Info
Légende photo : Des chicanes sont dressées avec du mobilier urbain pour limiter l’accès à la cité des Marronniers, dans le 14e arrondissement de Marseille, le 25 août 2021. (CLEMENTINE VERGNAUD / RADIO FRANCE)
Emmanuel Macron est en déplacement à Marseille jusqu’à samedi. Le chef de l’État doit annoncer un “grand plan” pour la ville, confrontée notamment à une flambée des règlements de compte depuis le mois de juin.
ÀMarseille depuis le début de l’année, quinze personnes sont mortes dans des règlements de compte d’après le décompte du patron de la police judiciaire de Marseille. La dernière fusillade date de la nuit du samedi 21 août 2021 au dimanche 22, trois morts lors de la même nuit.
Quelques jours plus tôt, le 18 août, un autre règlement de compte a marqué les esprits. Dans le 14e arrondissement de la ville, c’est-à-dire dans les quartiers nord, un adolescent de 14 ans est mort alors qu’il faisait le guetteur à l’entrée d’une cité, celle de Marronniers.
Pour y entrer, il faut esquiver les chicanes dressées juste avant le pont de chemin de fer. Des barricades montées avec des vélos, des palettes ou des chaises de jardin. Puis il faut passer devant deux guetteurs qui contrôlent les entrées. Le point de deal, lui, est installé en hauteur, derrière les tours, avec un deuxième point de contrôle doté de barrières.
C’est là que se trouvent trois jeunes en survêtement qui étaient dans le quartier quand l’adolescent de 14 ans a été assassiné : “14 ans wesh ! C’est pas 16 ans ou 26 ans. 14 ans c’est l’âge de mon petit frère. Moi j’étais là, à minuit mon pote m’appelle et me dit ‘ça a tiré ils ont tué un petit’, j’étais choqué. Tu ne peux rien faire, partout c’est comme ça, c’est Marseille.”
Dans ce quartier, le fatalisme gagne les habitants face aux règlements de compte qui se succèdent d’année en année. Comme le raconte Hassen Hammou, président du collectif “Trop jeunes pour mourir” créé il y a cinq ans, il y a une forme de résignation chez les familles des victimes : “Elles ne nous disent plus grand chose en réalité, et c’est ça qui est inquiétant. Elles n’espèrent plus. On n’a plus de réaction forte. Même nous, associatifs, le désespoir nous gagne souvent à vrai dire.”
Des victimes toujours plus jeunes
Dans le trafic de drogue, un guetteur gagne 70 euros en moyenne par jour, 2 100 euros par mois. Pour l’échelon supérieur, celui du vendeur on arrive à 135 euros par jour soit environ 4 000 par mois. Ce sont les postes du bas de l’échelle mafieuse. Un gérant de point de deal peut toucher 6 000 euros mensuels. Cet argent attire même des jeunes venus d’autres villes pour dealer à Marseille. Les trafiquants y voient l’opportunité de contrôler une main d’oeuvre plus maléable, avec moins d’attaches, et moins facilement identifiable par les policiers.
Les réseaux recrutent aussi à dessein les mineurs, pour contrer le travail des enquêteurs. Au fur et à mesure, les adolescents de 16 ou 17 ans montent en grade dans la hiérarchie du trafic… ou sont arrêtés. Les nouvelles recrues sont donc de plus en plus jeunes, constate Rudy Manna, secrétaire du syndicat de police Alliance dans les Bouches-du-Rhône.
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