Maroc : après “l’enfer libyen”, Oujda, ville-étape des migrants soudanais
Provenance de l’article : Info Migrants
Légende photo : Des migrants passent la frontière entre l’Algérie et le Maroc près d’Oujda, le 26 juin 2008. Crédit : Reuters
Plus de 300 migrants soudanais sont arrivés, il y a trois semaines, dans la ville marocaine située près de la frontière avec l’Algérie. Une grande partie a fui les prisons libyennes, véritable “enfer sur terre”.
Depuis trois semaines, ils tentent de survivre dans les rues d’Oujda. Certains dorment sur les trottoirs, à même le sol, ou sur des terrains désaffectés. Les plus chanceux ont trouvé refuge dans l’église de la ville ou chez les habitants. Au total, près de 330 exilés, originaires du Soudan et du Soudan du Sud, sont arrivés dans la ville marocaine ces derniers jours.
Âgés de 16 à 26 ans, la plupart ont pris la route la première fois depuis les villes de Khartoum, d’Omdourman, ou de villages du Darfour. D’après Hassan Ammari, membre de l’Association d’aide aux migrants en situation difficile (AMSV) à Oujda, l’ensemble des 330 personnes se distingue en fait en deux groupes. “Les premiers sont des migrants de retour de Nador, où ils ont été refoulés après avoir tenté d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla”, explique le militant. Les seconds viennent, eux, directement de Libye.
“Beaucoup ont fui les prisons libyennes de Zouara, Zaouia, d’Abu Salim à Tripoli ou de Bani Walid, après y avoir passé entre quatre et 18 mois. Certains y sont même restés enfermés pendant trois ans. Dans les conditions inhumaines et les souffrances quotidiennes que l’on peut imaginer”.
D’après les témoignages recueillis par l’association, les migrants ont vécu en Libye “l’enfer sur terre”. ” Et beaucoup n’ont pas été épargnés non plus par les mauvais traitements des garde-côtes libyens, alors qu’ils tentaient de traverser la Méditerranée vers les îles italiennes”, ajoute Hassan Ammari.
“L’objectif, c’est toujours l’Europe”
Sans échappatoire en Libye, les exilés ont donc mis le cap de l’autre côté du continent, direction le Maroc. “Certains passent par le sud de la Libye, et vont directement en Algérie par le désert pour rejoindre Alger, Oran puis Oujda. D’autres traversent le pays par l’ouest, pour transiter à Zarzis, en Tunisie. Pour ensuite passer, eux aussi, par l’Algérie”.
Dernière étape alors pour les exilés : la frontière marocaine, où ils profitent, selon Jamila Barkaoui, professeure à la faculté de Droit d’Oujda, du “laxisme des autorités algériennes qui ferment les yeux […] dans un contexte diplomatique marqué par des tensions” avec le Maroc, assure-t-elle dans le journal marocain Libération.
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