“Il faut tout recommencer à zéro” : le long parcours des réfugiés afghans exilés en France
Provenance de l’article : L’Express
Légende photo : Accueillis depuis plus d’un mois en France pour fuir le régime taliban, plus de 2600 réfugiés Afghans attendent désormais d’obtenir l’asile politique dans le pays. (illustration) – Getty Images via AFP
Pendant un temps, Fanoos Basir a cru qu’elle ne parviendrait jamais à quitter Kaboul. Tombée aux mains des talibans en août dernier, la capitale afghane est devenue, à la vitesse de l’éclair, une “prison à ciel ouvert” pour cette ingénieure de 25 ans. En l’espace de quelques jours, la jeune femme a vu sa ville se transformer, envahie par des convois d’hommes armés, aux règles strictes et aux menaces glaçantes. “Avec eux, les femmes indépendantes n’ont aucune valeur, aucun droit. Je n’aurais pas pu continuer à travailler, ni à sortir librement”, raconte Fanoos, qui se retrouve alors coincée chez elle, ou obligée de se couvrir des pieds à la tête pour passer le pas de sa porte. Ancienne joueuse de football pour l’équipe féminine nationale et ingénieure pour l’Organisation internationale des migrations à Kaboul, elle comprend vite que sa vie est menacée. “J’aurais pu être tuée. Ou enfermée chez moi à longueur de journée, comme un oiseau dans une cage – je sais que cela m’aurait fait dépérir”.
Une solution s’offre alors à elle : rejoindre l’aéroport international de Kaboul, afin de gagner la France. Sa soeur, ancienne assistante et traductrice pour des journalistes français en Afghanistan, l’attend déjà à Paris – après la prise du pays par les talibans, la famille Basir a été placée sur la fameuse liste des personnes en danger de mort dressée par l’ambassade de France. Mais autour de l’aéroport, la réalité frappe Fanoos de plein fouet. Des hommes armés repoussent violemment la foule compacte des candidats à l’exil, tirant parfois sans égards sur les civils. “C’était le cauchemar absolu”, se souvient la jeune femme, encore marquée par la violence des événements.
Après deux jours de tentatives infructueuses, elle est finalement prise en charge avec une partie de sa famille, et emmenée vers l’aéroport dans un mini-bus affrété par l’ambassade de France à Kaboul. “On a réussi à entrer dans l’avion, puis à décoller. C’était une chance inouïe”, souffle l’ancienne joueuse de football, désormais candidate à l’asile politique dans un pays où elle n’avait encore jamais mis les pieds. “Mais maintenant, il faut tout recommencer à zéro”.
“Le défi est immense”
Comme Fanoos, 2617 Afghans ont ainsi été exfiltrés de Kaboul par l’État français depuis le 15 août dernier, selon l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFII). Parmi eux, …
Cliquez ici pour être redirigé sur la page internet de la source